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Interview exclusive

Champion d'Europe 1956

Leslie Archer
Leslie Archer champion d'Europe 1956, ici au Danemark.

Motocross History : Comment êtes-vous entré dans le monde de la moto ?
Leslie Archer (LA) : Mon grand-père et mon père avaient été pilotes eux aussi et mon père tenait un magasin de moto à Aldershot. En 1924, mon grand-père avait aidé à l'organisation du premier scramble de l'histoire, qui se situait pas loin de chez nous, le Southern "Scott Trial". Puis ils ont été présidents tous les deux du North Hants Club.La famille Archer et ses trophées !Le grand-père de Leslie Archer.Quand avez-vous commencé la pratique de la moto ?
Leslie Archer (LA) : A l'âge de huit ans, j'ai eu un Excelsior à deux vitesses et j'ai ainsi été autorisé à participer aux plaisirs des sports mécaniques, lors des événements du club de gymkhana auquel appartenait mon Grand-Père ! Mais auparavant il m'avait donné un tricycle à pédales. Ce n'était pas une moto bien sûr, mais cela m'a donné les premières impressions de la course, car mon grand-père avait aménagé dans ma salle de jeux, un circuit avec des pièces et je devais faire le tour le plus vite possible en gardant la roue avant entre les pièces. Je suis tombé à plusieurs reprises dont une fois dans dans l'escalier !L'Excelsior de 1937.Quelle fût votre première course ?
LA : En fait ma première course eut lieu en vitesse et non en motocross ! C'était en 1946 sur une Matchless militaire. J'ai terminé meilleur pilote des moins de dix-huit ans ! L'année d'après j'ai remporté la course des 100 miles d'Hutchinson. La même que mon père avait gagnée en 1932 !Leslie pose avec la coupe.Le père de Leslie Archer en piste.Et en motocross ?
LA : Comme en vitesse en 1946. C'était à Elvetham pour le North Hants Scramble. J'ai gagné le prix du meilleur des moins de vingt ans. Plus tard, j'ai roulé sur des Velocette 250. C'est avec cette moto que nous avons commencé à fabriquer nos premiers cadres, juste avant de commencer avec Norton en 1947 au Ben Meon Scramble.

Quel fut votre premier Grand Prix ?
LA : Je ne m'en souviens pas, mais c'est en 1953. Mais avant ce Grand Prix, j'avais déjà couru sur le continent. C'était à Marche en Famenne en Belgique en 1951. J'y étais allé avec Basil Hall et j'avais roulé sur une 500 Norton-T de trial que ma famille avait préparée avec la suspension arrière de Ron Hankins. Il fut un sacré mécanicien !Ron Hankins et les trois pilotes Archer à l'atelier.*Et donc en 1953, c'est le grand début en Grand Prix ?
LA : Oui, j'ai gagné mon premier Grand Prix au Luxembourg. L'année d'après je ne marque pas beaucoup de points. En 1955, je gagne mon premier Grand Prix de France à Vesoul et encore le Grand Prix du Luxembourg. Puis 1956, c'est l'année du titre.

Comment s'est déroulé la saison ?
LA : Je n'ai pas marqué de points lors des trois premiers Grands Prix : problème de frein avant en Suisse, une bougie claquée aux Pays-Bas. Puis j'en ai remporté trois de suite, France, Grande-Bretagne et Belgique. A Rouen, en France, les conditions météo étaient terribles, mais ce fut de bons points pour le championnat. J'ai été titré à l'avant-dernier Grand Prix en Suède. J'avais gagné ma série et j'étais en tête de la finale, lorsque j'ai chuté dans une partie défoncée du circuit. J'ai terminé quatrième et j'ai été couronné. Heureusement car pour le dernier Grand Prix au Danemark, je m'étais blessé à la jambe, la semaine précédant la dernière épreuve. Finalement, j'ai remporté ce Grand Prix.La victoire au Grand Prix de France.*La victoire au Grand Prix de Grande-Bretagne.Qu'a représenté le titre de Champion d'Europe décroché en 1956 ?
LA : Une sacrée fierté ! C'est comme un titre de champion du Monde, il y a juste le nom qui change. Ce qu'il faut savoir pour l'anecdote, c'est que la FIM a réussi à se tromper sur le diplôme. Elle a imprimé les initiales de mon père LJ, alors que les miennes sont LR !

Vous n'avez pas été déçu que votre titre ne soit pas mondial ?
LA : Non, pas du tout. Le nom a juste changé en 1957, mon titre a été attribué avec exactement le même nombre de Grand Prix, dans les mêmes pays que le titre Européen que j'avais gagné l'année d'avant. Mais le mien, c'était la première fois avec le nombre maximal de points ! Quatre Grands Prix de remportés !Le nouveau Champion d'Europe à la une de Moto Revue.**Avez-vous encore couru après votre carrière en Grand Prix ?
LA : Oui, bien sûr. En tout, j'ai roulé pendant vingt et un ans. Après les Grands Prix, j'ai encore participé à de nombreux cross inter, tout comme à mes débuts sur le continent. Mais ce ne fut jamais de tout repos, car étant basé en Angleterre, je devais effectuer des aller-retours réguliers pour faire la mécanique. La moto repassait dans nos ateliers d'Aldershot. En général, je ne participais pas à plus de deux courses de suite sans y retourner.Le magasin de moto à Aldershot.Dans pays avez-vous préféré rouler ?
LA : Pendant mes vingt et un ans dans le motocross, j'ai roulé tellement de fois en France, que c'était mon pays préféré. En 1953, j'ai participé à vingt et un cross inter en France et j'en ai remporté neuf ! Marseille, Orléans, Thomer la Sogne, Montreuil, Beauvais, Tarare, Vesoul, Laguépie et Niort. Vous voyez comment j'aimais rouler en France !!! Nous avions le choix. Parfois, il y avait jusqu'à dix épreuves de motocross avec des pilotes internationaux le dimanche !Un titre dans la presse en 1954.***Aviez-vous des amis parmi les pilotes français ?
LA : Oui ! H.Frantz, G.Brassine, J.Charrier, P.Godey, G.Prieur, et C.Molinari notamment. Avec Eric Cheney, nous avons passé du temps à faire la mécanique des Norton dans son grand atelier à Metz. Paul Godey fut parmi l'un des premiers pilotes français que j'ai rencontré lorsque j'ai débuté en France.

Avez-vous décroché un titre national ?
LA : Non, jamais. J'ai terminé deuxième en 1951 et troisième en 1952.

Comment êtes-vous devenu reporter pour Motor Cycle ?
LA : Ils m'avaient contacté pensant que que ce serait une bonne idée, comme j'avais déjà écrit un livre auparavant. C'était en 1960, je racontais chaque Grand Prix pour la presse britannique. Je me souviens que Claire m'aidait à rédiger les articles et je les envoyais à mon père, de sorte que c'était diffusé en Angleterre la semaine suivante.Claire et Leslie en reportage.****Comment s'appelait votre livre ?
LA : Il s'appelait Scrambles and Motocross. Il a été publié en 1962 par les éditions Temple Press. Il y a eu à peu près mille exemplaires d'imprimés. Je dois encore en avoir un quelque part à la maison. Il parlait d'équipements, de motos, de mes courses.La couverture du livre.Quel était votre métier après votre carrière ?
LA : J'ai tenu un garage de voitures de sports.

Avez-vous roulé derrière le rideau de fer ?
LA : Non jamais.

Pourquoi n'avez-vous jamais roulé sur une BSA ou une Matchless, qui étaient de bonnes motos anglaises également ?
LA : Parce que j'avais déjà roulé sur des Norton en vitesse et je connaissais bien le moteur, le Manx. J'aimais bien sa puissance. Nous avons fabriqué quatre de ces moteurs spéciaux Manx et Eric Cheney a roulé avec moi au début des années cinquante. D'ailleurs, il ne reste qu'un moteur original au National Museum de Birmingham.Eric Cheney sur la Norton, aux côtés d'Auguste Mingels.
J'ai toujours aimé le moteur à longue course. J'ai donc commencé à rouler en motocross pour Norton avec une ES2 de trial modifiée, mais avec le même alésage et le moteur de course de la moto de vitesse. Le moteur était vraiment bon. Je n'ai probablement eu qu'une seule casse moteur. Par contre la moto avait des problèmes de filtre à air. C'était au Motocross des Nations en 1954. Je menais la course quand le piston a été détruit à cause de grains de sable qui ont chauffé à l'intérieur.Leslie et la Norton.Leslie et la Norton en 2014.*****Avez-vous couru en course de motos anciennes après votre carrière ?
LA : Non. La dernière fois que je suis monté sur une moto de course, ce fut juste après la fin de ma carrière en 1967, après avoir vendu mes Norton. Mon père m'avait demandé de rouler une dernière fois pour le North Hants Club. C'était à Tweseldown et c'était pour célébrer ma première course vingt et un an plus tôt pour le même club. Derek Rickman m'a gentiment prêté une moto. J'ai terminé troisième de la première course, mais j'ai eu une méchante chute au départ de la deuxième manche. Je n'ai plus jamais roulé sur une moto, jusqu'à ce que nous arrivions en Espagne, où j'ai finalement acheté un scooter 250 Piaggio en 2005 !

Vous avez plusieurs participations au Motocross des Nations, y a t-il une édition qui vous a particulièrement marqué ?
LA : Tous les anciens champions ont tellement de souvenirs et de victoires préférées et ceci dans n'importe quel sport pour lequel vous avez plaisir à participer. Je me souviens avec beaucoup de plaisir du Motocross des Nations en Suède en 1953. Chaque pilote a des jours où rien ne va mal et cette fois-ci c'était pour moi ! Le circuit était difficile et rapide, mais me convenait bien. J'ai reporté la finale avec quinze secondes d'avance sur A.Mingels et R.Baeten.Avec l'équipe victorieuse : le Major Taylor, Johnny Draper et Geoff Ward.Quel est votre meilleur souvenir ?
LA : Sans contestation possible, le Grand Prix du Luxembourg en 1953 ! J'ai gagné devant Auguste Mingels et c'était sous les yeux de mon grand-père ! Et puis en deuxième choix, j'ai bien aimé le Grand Prix de France à Mayenne en 1959. C'est certainement l'une des meilleures organisations de Grand Prix à laquelle nous avons pu assister. Et en plus, gagner le Grand Prix fut un bonus extraordinaire !Sur le podium à Mayenne.**Gros titre dans la presse moto !** Pour terminer voici un commentaire de Leslie Archer du 28/12/2014 : "Only real enthusiasts like yourself could contact " Old Champions " with best Wishes for New Year's Eve and at the same time ask questions about races we won over 60 years ago !!
" Seuls les vrais passionnés comme vous peuvent contacter les anciens Champions pour leur souhaiter leurs bons vœux pour la nouvelle année et en même temps leur poser des questions sur des courses qu'ils ont gagné il y a plus de 60 ans !!"

Palmarès
1956 : Champion d'Europe 500cc
1953 : vainqueur du Motocross des Nations
1953 : vainqueur du Grand Prix du Luxembourg 500cc
1955 : vainqueur du Grand Prix de France et du Luxembourg 500cc
1956 : vainqueur du Grand Prix de France, de Grande-Bretagne, de Belgique et du Danemark 500cc
1957 : vainqueur du Grand Prix de France 500cc
1959 : vainqueur du Grand Prix du Danemark et de France 500cc
Leslie devant ses trophées !Photos : archives Leslie Archer sauf * France Moto, ** Moto Revue, *** Motocycles et Scooters, **** Motor Cycling et ***** Justyn Norek.