Cooper Web
Interview exclusive

Grand Prix France 1973 125cc
Malherbe, Schneider et Zundapp, grands vainqueurs !

En plein dans le mille ! Mieux qu'un long discours, ces quelques motos résument le splendide GP de France 125cc que nous a "mitonné" dimanche, le Motor-Club Pernois. Après avoir été le premier a organiser un GP de side-car-cross, le MC.Pernois a fait preuve une nouvelle fois de sagacité. Sur le rapide terrain du Val-de-Guilhaut, les deux manches des "huitièmes de litre" ont constitué un spectacle d'une rare intensité, en tout cas digne des cylindrées supérieures. Il faut dire que la parfaite organisation du club organisateur (qui n'en était pas la a son coup d'essai puisque cette épreuve constituait son 8è GP) est pour beaucoup dans la réussite de la journée.


Vastes parkings pour les spectateurs, importante visibilité, sonorisation exemplaire assurée par l'infatigable Philippe Pommier, direction de la course supervisée avec intelligence par MM.Druet et Seery assistés par les commissaires " a la hauteur" et enfin, service de presse impeccable animé par M.Van Laere, tout concourrait a parfaire le déroulement de la journée, tant sur le plan sportif que spectaculaire.

Le magnifique circuit du Val-de-Guilhaut d'un déroulement de 2.000 mètres et d'une largeur minimum de 5 mètres, a constitué un remarquable "ring" pour les "débats". Néanmoins, quelques coureurs ont critiqué un certain manque de sélectivité dû au nivelage - au bulldozer - des montées situées entre les pins. Et surtout, beaucoup ont été désagréablement surpris par les passages boueux. De la boue a Pernes ? " Il ne faisait donc pas beau ? " songeront d'aucuns...Au contraire ! Il faisait trop beau ! Aussi un arrosage d'une grande partie du circuit était effectué entre les courses. Mais cette humidification avait aussi pour résultat de transformer en bourbiers certains virages. Bourbiers qui contrastaient sérieusement avec les passages secs et poussiéreux. " Dans le premier tour, on ne savait jamais quelle piste on allait trouver ! Il fallait sans cesse modifier les trajectoires. " déplorait un pilote italien. Quoi qu'il en soit, cette difficulté supplémentaire n'a fait que mettre en évidence la classe des meilleurs. Et en particulier, celle des deux coéquipiers de l'équipe Zundapp : le jeune champion de Belgique junior, Malherbe, et le champion d'Allemagne, Fritz Schneider. Tous deux ont enlevé une manche. Et le " Belgo-Français " Malherbe, deuxième dans la seconde manche, alors que Schneider a terminé attardé dans la première, enlève le GP.


Pourquoi qualifie-t-on Malherbe de Belgo-Français ? La raison est simple et illustre les bizarreries des règlements nationaux dans les pays voisins. En effet, Malherbe, âgé de 17 ans, possède déja a son palmarès le titre de champion de Belgique Junior 125cc. Mais depuis cette année, un décret a relevé a 18 ans l'âge minimum - précédemment fixé comme en France a 16 ans - pour courir. Plutôt que de perdre un an de compétition, Malherbe a préféré s'expatrier. Il est maintenant fixé a Roubaix et court sous les couleurs du club qu'anime E.Van Laere. Et cette petite aberration nous a permis, lors de la remise des prix, d'entendre la Marseillaise. Car le vainqueur du GP de France 125cc est licencié français !...


Andrè Malherbe, vainqueur du Grand Prix.

Avant de voir plus en détail le déroulement des courses, signalons que, pour compléter ces épreuves 125cc, le MC Pernois avait mis sur pied un véritable GP de sidecar cross, réunissant tous les ténors de la spécialité, les Grogg, Van Hetgen, Lubbers, Haller, Courajod, etc...Et c'est Lubbers sur Wasp Yamaha qui, en enlevant les trois manches, a surpassé tout le monde et prend la première place au général.


On sait qu'étant donné le grand nombre de pays candidats a ce premier championnat 125cc, la FIM a décidé de diviser les pays en deux groupes : A et B. En principe, le groupe A devait réunir les pays du nord et le B les contrées méditerranéennes. Mais il y a quelques semaines, la FIM décidait de laisser les concurrents s'inscrire a leur gré dans l'un ou l'autre groupe. La première épreuve du groupe A s'est déroulée il y a 15 jours en Belgique. Et Pernes accueillait les coureurs de la première course du groupe B. Dix nations étaient engagées, l'Allemagne, l'Angleterre, l'Autriche, la Belgique, l'Espagne, la Hollande, l'Italie, le Portugal, la Suisse et bien sûr la France. Preuve du dynamisme de cette cylindrée, les concurrents en lice représentaient 14 marques !


Les avions Zundapp !

Dès les premiers tours des essais, il apparut rapidement que les deux Zundapp engagées par l'usine seraient difficiles a battre. Les deux pilotes de la firme d'Anzinger Strasse, Schneider et Malherbe, tournaient comme des avions en 2'12" et 2'13". Seul, dimanche matin, l'Italien Curradi parvenait a égaler le temps de Schneider en menant son Ancilloti a un rythme effréné. Bulto, au guidon d'une Bultaco allégée et super-rapide, parvenait a tourner aussi vite que Malherbe, en 2'13". A 3" des meilleurs, se plaçait l'Italien Franco sur Ancilloti également. La liste des temps nous réservait une bonne surprise. En effet, on trouvait ensuite Giordanengo et Combes en 2'16" et Neimer qui réalisait sur sa Monark, son meilleur tour en 2'17". La tenue d'ensemble des Français se révélait donc prometteuse. Plus loin, on trouvait encore Guérin, Chapot et Francru. Tougeron, qui expérimentait un prototype BPS a moteur Morini, faisait quelques tours avant de rentrer en roue libre au parc. Son moteur tournant a 12 000 tours avait vécu ce que vivent les roses : l'espace d'un matin...Dommage !


Schneider en tête mais...

A quatorze heures, après la manche unique des nationaux qui voyait la victoire de Bourguet devant Richard - Pedrosa avait crevé après avoir mené toute la course -. La grille s'abaissait devant les 27 roues AV des 125cc, véritables abeilles en délire. A l'extremité de la ligne droite, Schneider est en tête de l'essaim. Il est suivi a quelques mètres par son coéquipier Malherbe. Felice Agostini, je jeune frère du champion du monde de vitesse, conduit brillamment son Aspes. Viennent ensuite Curradi et Mingels sur une rapide Bultaco, derrière on pointe encore Mercandelli, Schwarz, Giordanengo et Combes. Les deux Français roulent a belle cadence. Las Giordanengo qui a fait une inquiétante chute aux essais, tombe a nouveau. Cette chute l'arrête pour plusieurs tours et elle a aussi pour effet de faire perdre quelques places a Michel Combes. Autre chute, les virages mouillés ! Celle de Bulto qui achève son premier tour très attardé derrière Tougeron. Celui-ci a tout de même pu prendre le départ sur une " Husqy " amicalement prêtée par Husqvarna. Mais il ne semble pas très a l'aise et finira en fin de peloton.


En tête, Schneider entame son deuxième tour avec près d'une centaine de mètres d'avance sur Malherbe. Hélas, il sera lui aussi victime de la boue. Une chute légère se solde par une poignée de frein AV tordue et par un câble d'accélération coincé. Le temps de réparer et Fritz repartira avec deux tours de retard. En dépit de la cadence infernale qu'il imposera a sa Zundapp dans le reste de la course, il ne pourra que limiter les dégâts en se classant 20è, mais a un seul tour du vainqueur...Il faut le faire ! Son coéquipier " out ", Malherbe prend la tête avec autorité. Il la conservera jusqu'a l'arrivée, non sans avoir creusé un confortable abîme sur le deuxième, Mingels.


Car Felice Agostini, après avoir occupé la deuxième place jusqu'au dixième tour, a du céder sous les coups de boutoir de Mingels. Le jeune Felice n'est pas au bout de ses peines car a 15' de la fin, il se fait encore passer par Curradi et Boven.


Mais a ce moment la, le public n'a d'yeux que pour l'enfant du pays : Hubert Guérin qui remonte a une belle allure au guidon de sa Bultaco. Sur son terrain, le petit Hubert n'a pas l'intention de se laisser " sécher ". Il occupe maintenant la sixième place avec, pour point de mire, la roue AR d'Agostini. Au fil des tours, l'écart se réduit. Les deux coureurs entament le dernier tour roue dans roue. Qui sortira le premier de la pinède ? Felice ou Hubert ? Le suspens est total ! Mais...voici un casque rouge. Guérin vient de coiffer Agostini d'une roue. Il prend une splendide cinquième place derrière Malherbe, Mingels, Boven et Curradi. Combes deuxième français a placé sa Montesa a la neuvième place.


Cavalier seul de Schneider, belle course de Combes

Décidé a se venger du mauvais sort qui l'a accablé dans la première manche, Schneider part comme un boulet de canon. dans la seconde. Et comme, De Coster a Tarare, il caracolera, impérial, en tête jusqu'au drapeau è damiers. Mais cocorico ! C'est Michel Combes qui occupe la deuxième place. L'enfant de Gaillac, très a l'aise sur sa Montesa, parait décidé a tout faire pour conserver son poste. Derrière suivent Mingels, Malherbe, Curradi, Boven, Franco...


Schneider fait le trou tandis que Malherbe se rapproche de Mingels et le harcèle. Au troisième tour, le prodige " belgo-français " " se fait " le Belge. Les virages a nouveau humides éliminent quelques coureurs : d'abord l'Allemand Kobele et l'Espagnol Santiago, puis Giordanengo qui chute a la même place qu'au premier tour. Décidemment, la poisse semble s'acharner sur Gérard ! Bientôt, Malherbe rejoint Michel Combes. Quelques secondes plus tard, il le double en sautant avec le même brio qu'il l'avait fait pour Mingels. Le classement est donc le suivant a mi-course : Schneider, Malherbe, Combes, Boven, Mingels, Curradi, Bulto...Dans la seconde partie de la course, Combes, dont la roue avant a perdu plusieurs rayons, cèdera sous les assauts de Boven et Mingels. Il prendra néanmoins la cinquième place.


Belle cinquième place de Michel Combes !

Hubert Guérin, lui, est victime d'une cocasse mésaventure. Durant l'inter course, une ravissante créature, véritable Eve réincarnée, lui a tendu, non pas une pomme, mais un verre de jus de pomme glacé. Hubert l'a bu. Et ce qui devait arriver arriva : il a souffert de troubles intestinaux durant toute la manche ! Dommage, car il aurait pu faire mieux que huitième. Et le drapeau s'abaissa sur SchneiderFritz Schneider s'est bien rattrapè en seconde manche.qui précède Malherbe, Boven, Mingels, Combes, Curradi, Franco et Guérin, dit " jus de pomme "...Pour sa première apparition en France, la coupe FIM 125 nous a donné une éclatante démonstration de son intérêt. Un intérêt qui est partout. aussi bien au niveau des jeunes coureurs qui font preuve d'une impétuosité et d'un style dignes de celui de leurs ainés, que du point de vue mécanique où des marques inconnues dans les cylindrées supérieurs animent le débat avec un grand sens de la compétition. Autre sujet de consentement : les prestations de nos pilotes qui se sont montrés parfaitement a l'aise parmi des coureurs qui tournent en 125cc depuis plusieurs années.


Voici les classements :
Première manche :
1) Malherbe.A (B - Zundapp) 20 tours en 45'09"6
2) Mingels.JP (B - Bultaco)
3) Boven.R (B - Montesa)
4) Curradi.G (I - Ancillotti)
5) Guérin.H (Bultaco)
6) Agostini.F (I - Aspes)
7) Kobele.F (D - Maïco)
8) Schwarz.E (D - Husqvarna)
9) Combes.M (F - Montesa)
10) Babot.S (B - Montesa)
13) Chapot.J (F - Monark)
17) Francru.G (F - Husqvarna)
21) Neimer.C (F - Monark)
23) Tougeron.J (F - Husqvarna)
25) Giordanengo.G (F - Bultaco)
Deuxième manche :
1) Schneider.F (D - Zundapp) 20 tours en 45'24"8
2) Malherbe.A (B - Zundapp)
3) Boven.R (B - Montesa)
4) Mingels.JP (B - Bultaco)
5) Combes.M (F - Montesa)
6) Curradi.G (I - Ancilloti)
7) Franco.S (I - Husqvarna)
8) Guérin.H (Bultaco)
9) Mercandelli (I - Ancillotti
10) Schwarz.E (Husqvarna)
11) Francru.G (F - Husqvarna)
16) Tougeron.J (F - Husqvarna)
17) Chapot.J (F - Monark)
18) Neimer.C (F - Monark)
24) Giordanengo.G (F - Bultaco)
Un beau Grand Prix pour Jean-Paul Mingels (2-4). Source et photo : Moto Revue numéro 2121.